Pourquoi les Québécois traduisent tout en français ?

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Avec près de 8 millions d’habitants, le Québec est un petit territoire à l’échelle du monde. C’est pourtant l’un des berceaux de la francophonie, avec une défense de la langue française bien plus poussée que celle que l’on pratique chez Molière lui-même.

Vous trouvez ça parfois de mauvais goût ou un brin ridicule ? Eh bien, sachez qu’il y a une vraie raison historique à cette volonté de tout traduire en français au Québec. On vous explique tout !

Le Québec ou la chasse permanente aux anglicismes

Si vous avez eu la chance de séjourner au Québec, il ne vous aura pas échappé que le lexique y est plutôt… particulier ! Oui, on parle français à Montréal, mais un français local, avec un vocabulaire bien à lui. Pour parfaitement comprendre ce qu’on vous dit, il vous faut apprivoiser des expressions que vous n’entendrez jamais en France et, avouons-le, c’est parfois corsé !

C’est bien simple, les Québécois sont les champions des néologismes : c’est leur manière à eux de traquer les anglicismes qui se glissent si facilement dans le langage quotidien en France. Ils s’efforcent de créer de nouveaux mots en français pour les substituer à des termes anglais pourtant très courants.

Certains nous paraissent donc très curieux et n’ont d’usage qu’au Québec, comme « hydrofuge » pour « waterproof », « magasiner » pour « faire du shopping » ou encore « service-au-volant » pour « drive-in ». Mais d’autres parviennent à pénétrer aussi le langage courant en France comme les mots-valises « courriel » (contraction de courrier et électronique) pour « e-mail » ou « divulgâcher » (divulguer et gâcher) pour « spoiler ». Peut-être parce que ça n’est finalement pas si bête ?

La traduction systématique des titres de films

Les choses se compliquent un petit peu quand on s’intéresse à la culture. Là où la France adopte facilement les titres des grandes productions hollywoodiennes, le Québec les traduit systématiquement. C’est ainsi que l’on trouve parmi les grands succès du cinéma « Fiction pulpeuse » et non Pulp Fiction, « Danse lascive » au lieu de Dirty Dancing, « Rapides et dangereux » à la place de Fast and Furious, et même « Ferrovipathes » pour Trainspotting. Pour les soirées TV, il faut savoir que la série Grey’s Anatomy devient « Dre Grey, leçons d’anatomie » et Desperate Housewives s’appelle en réalité « Beautés désespérées »… Ça peut être déconcertant !

Si l’on regarde un peu plus dans le détail, on peut voir que les affiches des films au Québec mentionnent « version française de » suivi du titre anglais, généralement connu dans le monde entier. Il ne s’agit donc pas d’une démarche marketing qui viserait à effacer le titre d’origine, mais bel et bien d’une question purement linguistique.

Une loi impose le français dans le cinéma au Québec

La francisation des titres de films est tout simplement obligatoire au Québec. D’après la Loi sur le cinéma, si le film est destiné à la présentation en public, le titre doit comporter une version sous-titrée en français et le générique être doublé en français.

Dans le cinéma, cette traduction systématique a deux buts. D’une part, s’assurer que les films pénètrent le territoire, car derrière les titres, la question du doublage est centrale. Jusqu’alors, Hollywood ne prenait pas la peine de faire doubler ses films pour le marché québécois, lequel ne représente qu’une infime part des audiences, or un Québécois se sent aussi étranger face à un film doublé en français de France, qu’un Français dans la situation inverse.

L’autre but de cette obligation légale est identitaire : il s’agit de protéger la langue française dans cette province enclavée au cœur d’un continent anglophone.

Le Québec, territoire francophone depuis sa création

L’origine de cette démarche de francisation au Québec est historique : elle remonte à l’implantation des colons français sur ce bout de territoire nord-américain, au XVIIe siècle. Apportée par cette population, la langue française s’est s’enracinée dans celle qu’on appelait Nouvelle-France, et qui deviendrait bientôt la province du Québec. C’est là qu’est né le français québécois, avec son accent bien à lui, résultant probablement du mélange des patois des colons venus de différentes régions françaises.

Mais lorsque l’Angleterre conquit Québec en 1759, la place de la langue française vacilla. S’est alors ouverte une longue période de bilinguisme dans les institutions, sans place officielle accordée à la langue française. Des groupes de défense se créèrent, puis la résistance des francophones se fit de plus en plus forte face aux lois visant à imposer l’anglais des affaires et de l’élite comme langue officielle du Canada. Ce fut une véritable crise identitaire pour la population francophone du pays, bien que minoritaire à partir de la moitié du XIXe siècle et de plus en plus concentrée au Québec.

Une révolution linguistique pour sauver le français

À partir d’un retentissant conflit dans le quartier Saint-Léonard de Montréal en 1968, l’opposition entre francophones et anglophones provoqua des émeutes dans toute la province. Ce fut un événement fondateur, à l’origine de lois et de l’instauration du français comme langue officielle du Québec en 1974.

La grande étape qui marqua un tournant fut ensuite la Charte de la langue française (dite Loi 101), adoptée en 1977 pour que le français prévale sur l’anglais au Québec dans l’enseignement, mais aussi le travail et l’affichage public.

Une défense féroce de la traduction en français

Le Québec est la seule province canadienne à avoir le français comme unique langue officielle, et l’Office québécois de la langue française (OQLF) veille au grain. Les lois vont plus loin que la loi Toubon qui, en France, impose une traduction française pour des slogans mais pas pour des titres de films, par exemple.

Dans la vie courante des Québécois, tout est concerné par cette politique de protection du français. C’est ainsi qu’on voit des panneaux de circulation « arrêt » à la place des « stop ». Dans un autre genre, à Montréal, la chaîne KFC s’appelle PFK car « Kentucky Fried Chicken » est traduit en « Poulet Frit du Kentucky ».

Aujourd’hui, l’OQLF lâche un peu de lest et permet d’intégrer des anglicismes et emprunts à la langue anglaise dans le langage courant. Les Québécois, qui se voyaient jusqu’alors recommander de participer à des « coquetels », peuvent donc se rendre sans vergogne à des cocktails, ouf !

Français du Québec ou de France : comment bien traduire ?

Bien connaître le territoire ciblé par un document marketing, littéraire ou autre est un principe fondamental en traduction. Les différences entre le français du Canada et de France sont donc essentielles à connaître avant de se lancer dans un projet destiné à nos cousins d’outre-Atlantique.

Il faut prendre en compte le fait que les Québécois défendent farouchement l’emploi du français. Cela peut paraître paradoxal, mais il faut aussi avoir à l’esprit que la langue locale s’imprègne de grammaire anglaise. À cela s’ajoutent un lexique spécifique et un accent très différent de l’accent français, si bien que ce sont deux manières distinctes de parler français. Et il ne faut surtout pas omettre les obligations légales de la province.

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