La France, un pays à langue unique ? Il est facile de le penser tant le français domine. C’est la seule langue officielle reconnue par l’État depuis 1958. « La langue de la République est le français » proclame l’article 2 de la Constitution. Et pourtant… 75 langues régionales sont recensées par les linguistes en France. Leur appartenance au patrimoine national a été inscrite dans la Constitution en 2008.
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Mais si nous choisissions aujourd’hui de nous recentrer sur la France et de partir à la découverte de la belle richesse linguistique de notre pays ? Qu’est-ce qu’une langue régionale ? Qui les parle encore en France ? Comment sont-elles transmises ? Nous vous invitons à un voyage dépaysant au-dessus des plaines, des montagnes et des océans à la rencontre des langues régionales métropolitaines et ultramarines.
Qu’est-ce qu’une langue régionale ?
La Charte européenne des langues régionales ou minoritaires signée par la France en 1999 donne une définition des langues régionales ou minoritaires. Selon le texte, ce sont « des langues pratiquées traditionnellement sur un territoire d’un État par des ressortissants de cet État qui constituent un groupe numériquement inférieur au reste de la population et s’expriment dans une (des) langue(s) autre(s) que la (les) langue(s) officielle(s) de cet État. La charte n’inclut ni les dialectes de la (des) langue(s) officielle(s) de l’État ni les langues des migrants ».
Pour résumer, en France, pour être reconnue comme langue régionale, une langue doit respecter deux critères :
- Être parlée depuis plus longtemps que la langue officielle, en l’occurrence le français.
- S’être développée dans une zone géographique précise et délimitée.
Les langues régionales sont ainsi les langues d’usage qui étaient utilisées pour communiquer sur un territoire avant que le français ne domine.
C’est en 1539, sous le règne du roi François Ier, que le français a commencé à s’imposer, d’abord dans tous les actes juridiques et administratifs, puis dans la littérature et dans l’enseignement. Les langues régionales sont progressivement devenues minoritaires. Le coup de grâce a été donné à la fin du XIXème siècle avec l’interdiction faite aux élèves de s’exprimer dans leurs langues régionales. Pendant cinq siècles, l’État n’a eu de cesse de combattre les langues régionales pour unifier le pays. Elles étaient vues comme les symboles d’un héritage et d’une identité locale, menaces pour le pouvoir centralisateur.
Malgré tout, les langues régionales ont survécu et survivent encore aujourd’hui, portées par la passion de fervents défenseurs du patrimoine linguistique français. Dans les départements et territoires d’outre-mer, elles restent prédominantes, s’affirmant comme la langue d’usage du quotidien.
Les langues régionales métropolitaines
Après ce retour dans le passé, commençons notre voyage linguistique en France métropolitaine. Langue celtique, langues germaniques et langues romanes racontent l’histoire de notre pays et des civilisations qui se sont succédé.
1. L’alsacien
Pour découvrir la première langue régionale encore parlée en France métropolitaine, il faut se déplacer dans l’est de la France. Si vous vous promenez dans les villages, vous entendrez une langue aux accents parfois rudes, sur les places de marché ou dans les cafés : l’alsacien.
Si les chiffres diffèrent, il est parlé par environ 600 000 locuteurs. Les Alsaciens restent attachés à leur langue régionale germanophone, qui raconte l’histoire de leur territoire, longtemps germanique, revendiqué par la France et l’Allemagne.
2. L’occitan
La deuxième langue régionale la plus parlée est l’occitan. Elle couvre un vaste territoire dans le sud de la France, de Bordeaux à Marseille, de Toulouse à Clermont-Ferrand.
Plus connue sous le nom de langue d’oc, cette langue régionale aux accents chantants se divise en six dialectes : le gascon, l’auvergnat, le limousin, le languedocien, le provençal et le vivaro-alpin.
540 000 locuteurs étaient recensés en 2020. L’occitan réussit à survivre, contrairement aux langues d’oïl sérieusement menacées dans le nord de la France (berrichon, picard, bourguignon, normand…)
3. Le breton
Remontons vers le Nord-Ouest pour s’enivrer aux embruns marins de la côte bretonne. Ceux qui ont voyagé en Bretagne en sont témoins : les panneaux routiers sont traduits en français et en breton.
La Bretagne affiche fièrement son héritage celte. 200 000 ou 300 000 locuteurs ? Encore une fois, les statistiques sont vagues. Toujours est-il que le breton est la troisième langue régionale parlée en France. Elle n’est cependant pratiquée régulièrement que par 70 % des locuteurs, soit 140 000 personnes.
Leur âge moyen ? 70 ans. Ce chiffre fait craindre pour la survie de cette langue régionale. Pour la protéger, la Région bretonne mène depuis 20 ans une politique volontariste engagée, marquée en 2012 par la reconnaissance officielle du breton et du gallo comme langues de Bretagne.
4. Le catalan
Retournons dans le sud de la France, pour profiter du calme et de la chaleur de la Méditerranée. Ici, le catalan chante !
Avec 125 000 locuteurs, la France ne représente qu’une part infime des 9 millions de personnes pratiquant cette langue régionale en Europe. Il faut dire que l’aire catalane ne représente qu’un territoire restreint, couvrant une partie du département des Pyrénées-Orientales.
Au-delà de la frontière espagnole, le statut d’autonomie de la Catalogne s’est accompagné d’une co-officialité du catalan.
5. Le basque
Survolons la chaîne des Pyrénées pour rejoindre, de l’autre côté, le Pays basque. Comme le catalan, le basque est une langue régionale parlée des deux côtés de la frontière franco-espagnole.
Elle ne s’apparente ni au français, ni à l’espagnol. C’est une langue orpheline, l’une des plus vieilles du monde, mais sans famille linguistique. Un isolat. La langue basque, appelée Euskara, compte aujourd’hui 800 000 locuteurs mais moins de 10 % vivent dans le Pays basque français.
En 2019, 51 000 bascophones étaient recensés. La fierté de la langue Euskara s’affiche sur les murs des villes et des villages et dans le nom basque du pays, Euskal Herria, « le pays de la langue basque ».
6. Le corse
Terminons notre voyage en métropole par la Corse, cette île méditerranéenne envoûtante et mystérieuse. Si elle est française depuis 1768, sa culture reste empreinte des influences italiennes. Sa langue ne fait pas exception.
Elle est aujourd’hui parlée par environ 20 000 à 50 000 locuteurs. Entre les déclarations et la pratique réelle, l’écart est difficile à quantifier.
Selon les critères de l’UNESCO, cette langue régionale est menacée de disparition, malgré l’enseignement du corse dans les écoles et l’attachement des insulaires à leur langue, symbole de leur identité.
7. Les autres langues régionales en danger
Parmi les autres langues régionales de la métropole, le franco-provençal occupe une place à part. Après l’occitan, c’est la langue régionale qui couvre le plus vaste territoire, au nord de la région Rhône-Alpes, entre Lyon, Grenoble, l’Ain et la Savoie.
Cette langue dépasse les frontières. Elle est parlée dans certains territoires suisses et italiens. Malgré tout, le franco-provençal est une langue en danger. Elle souffre d’un manque de transmission dans les familles.
C’est aussi le cas d’autres langues régionales en voie de disparition, comme le picard, le languedocien, l’auvergnat ou le provençal. De manière générale, le constat est accablant pour les langues régionales métropolitaines, dont la grande majorité est considérée en danger par l’UNESCO.
Les langues régionales d’outre-mer
Pour découvrir les langues régionales les plus vivantes en France, il faut survoler les océans. Plus d’une cinquantaine de langues régionales sont couramment pratiquées dans les départements et territoires d’outre-mer.
Les langues ultramarines s’imposent dans le quotidien des habitants des DOM-TOM. L’éloignement géographique a freiné l’État dans sa volonté d’imposer le français. Celui-ci reste aujourd’hui la langue de l’administration, des services publics, des médias et de l’enseignement.
1. Le créole réunionnais
Le créole. C’est probablement le nom de la langue régionale qui vous vient à l’esprit quand on parle des DOM-TOM. Saviez-vous que le créole est loin d’être une langue unique ?
On dénombre plus d’une centaine de variantes dans le monde ! Et c’est dans l’océan Indien, sur l’île volcanique et tropicale de la Réunion, qu’on trouve le créole ultramarin le plus parlé en France.
Le créole réunionnais rassemble 600 000 locuteurs. C’est un créole très particulier, aux multiples influences, savant mélange de malgache, de portugais, de tamoul, de normand et… de français.
2. Le créole guadeloupéen
Pour découvrir la deuxième langue régionale la plus parlée dans les DOM-TOM, il faut traverser l’Afrique et l’océan Atlantique. Les Caraïbes apparaissent, avec leurs forêts tropicales, leurs longues plages de sable fin, leurs champs de canne à sucre et leurs bananeraies.
Dans les îles, le dépaysement est total. Un dépaysement renforcé par la langue régionale ! Le créole guadeloupéen est pratiqué par 97 % des habitants de la Guadeloupe, soit 430 000 locuteurs.
Inventé par les esclaves, il s’est nourri des influences multiples des langues des colons européens, des dialectes africains et des langues autochtones. Le créole guadeloupéen reste la langue d’usage pour communiquer et échanger.
3. Le créole martiniquais
À quelques centaines de kilomètres de la Guadeloupe s’étend la Martinique. Avec des consonances proches de son cousin le créole guadeloupéen, le créole martiniquais est la langue maternelle de 96 % des insulaires, soit près de 340 000 locuteurs.
Cette langue régionale exprime l’histoire métissée de cette île marquée par l’esclavage, conquise par les Anglais avant d’être récupérée par la France. Français, anglais, espagnol, dialectes africains et indigènes se mélangent pour créer cette langue régionale complexe et riche.
4. Le mahorais
Reprenons notre voyage en sens inverse pour retrouver l’océan Indien et Mayotte, petit archipel volcanique français connu pour sa barrière de corail et son lagon hypnotisant.
Le mahorais est la langue majoritaire de l’île, parlée par 110 000 à 150 000 locuteurs.
Encore appelée shimaore, c’est une langue bantoue, influencée par l’Afrique de l’Est, dérivée de la langue comorienne et du swahili.
5. Les autres langues régionales ultramarines
C’est dans les îles paradisiaques de l’océan Pacifique que l’on trouve la plus grande richesse linguistique de la France. Le nombre et l’éloignement des îles ont préservé les langues régionales.
En Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française et à Wallis-et-Futuna, on compte près de 40 langues régionales et dialectes différents, dont le tahitien, le marquisien, la langue des Tuamotu, le wallisien ou le futunien.
Qu’en est-il en Guyane ? Ce département français présente une diversité linguistique exceptionnelle. Une quarantaine de langues et de dialectes se côtoient, aux origines amérindiennes, créoles, européennes et asiatiques.
Aucune langue régionale ne s’impose. Une étude de l’observatoire des pratiques linguistiques en 2017 identifie près de 20 langues de première socialisation des élèves, dont le français, le nenge, le portugais, le créole haïtien ou le saamaka.
Les langues non territoriales
Les langues régionales ne doivent pas être confondues avec les langues non territoriales. Ensemble, elles forment les « langues de France ».
Selon la définition du ministère de la Culture, les langues non territoriales sont des « langues minoritaires parlées par des citoyens français sur le territoire de la République depuis assez longtemps pour faire partie du patrimoine culturel national, sans être langue officielle d’aucun État ». Ces langues ne sont pas enseignées. Elles sont transmises de génération en génération.
Six langues non territoriales sont recensées en France : l’arabe dialectal, l’arménien occidental, le berbère, le judéo-espagnol, le romani et le yiddish. L’arabe dialectal compte de 3 à 4 millions de locuteurs et le berbère près de 2 millions.
Comment s’apprennent les langues régionales ?
Depuis 2013, la loi d’orientation et de refondation de l’école de la République a renforcé l’apprentissage des langues et cultures régionales dans l’enseignement. En 2021, environ 121 000 élèves apprenaient une langue régionale, dont 14 000 en enseignement bilingue immersif.
L’enseignement ne parvient cependant pas à endiguer la perte de vitesse des langues régionales. L’exemple de la Bretagne le prouve ! Selon une enquête réalisée en 2018, 90 % des 15-24 ans et 53 % des 25-39 ans avaient appris le breton à l’école, mais peu le pratiquaient régulièrement. Seulement 3 % des bretonnants ont entre 15 et 24 ans.
Ce constat est le même en Corse ou dans le Pays basque. Enseigner une langue régionale à l’école ne suffit pas à assurer sa survie. Rien ne remplace la transmission naturelle familiale.
Seule la pratique régulière peut transmettre la richesse lexicale d’une langue et l’ancrer dans les mémoires. Aujourd’hui, l’enseignement ne forme pas assez de nouveaux locuteurs par rapport à ceux qui disparaissent. L’avenir des langues régionales reste en suspens.
Conclusion
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