Qu’est-ce que le foisonnement en traduction ? On peut le définir simplement comme une différence de volume entre le texte de départ dans la langue source et le texte d’arrivée dans la langue cible.
Le taux de foisonnement, c’est-à-dire l’inflation verbale lors du passage d’une langue à une autre, diffère beaucoup selon les langues. Par exemple, d’une langue dite « concise » comme l’anglais à une langue plus « prolixe » comme l’espagnol, le taux de foisonnement grimpe à 30 ou 40 %.
Dans cet article, on fait le point pour vous sur le foisonnement en traduction et ses enjeux : comment expliquer ce phénomène, peut-on le supprimer, et quelles sont ses conséquences sur votre traduction finale ?
Une différence de volume liée à la structure même des langues
Précision importante : le taux de foisonnement en traduction est l’augmentation du volume du texte d’arrivée par rapport au texte de départ, en nombre de mots, pas en nombre de signes.
A quoi peut bien tenir une telle différence ? Tout d’abord à la structure même des langues.
L’anglais et l’allemand, tous deux des langues germaniques, ont une plus grande capacité de composition que le français ou l’espagnol, langues romanes.
C’est-à-dire ? Par exemple, l’allemand va « agglutiner » en un seul mot « Mineralwasserflasche », là où le français utilise systématiquement les prépositions « de » et « à », et va ainsi décomposer en un groupe nominal de quatre mots « bouteille d’eau minérale ».
Différence de 1 à 4 mots, tout de même ! Autre exemple : l’article zéro en anglais est en revanche toujours marqué en français : « Teachers » devient « Les professeurs ». Différence sensible de 1 à 2 mots, là encore.
Ces exemples sont-ils une illusion d’optique, ou un phénomène quantifiable ? Des études confirment le phénomène : la structure grammaticale des différentes langues détermine un taux de foisonnement incompressible lors de la traduction d’une langue à l’autre.
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Une différence de volume liée à la démarche du traducteur
Mais le foisonnement en traduction, lié structurellement à la grammaire comme on l’a vu, peut se renforcer selon la démarche du traducteur.
Une traduction littérale peut forcer le traducteur à employer plus de mots, par exemple pour rendre le sens exact d’une expression idiomatique.
Autre exemple où le foisonnement semble inévitable : certains mots n’ont pas d’équivalent dans la langue cible. Ainsi, le terme allemand « Hitzefrei » ne peut se traduire en français que par « congé scolaire exceptionnel lié à la canicule ».
La contrainte est double ici, à la fois linguistique et sémantique : l’agglutination « Hitze » (forte chaleur) et « Frei » (liberté) en un seul mot est forcément décomposée en français, et par ailleurs les élèves français n’ont pas cours en juillet-août, il n’y a donc pas lieu d’avoir un mot pour désigner des « congés caniculaires ».
Enfin, de manière générale, la volonté d’explicitation de la langue source a tendance à faire utiliser plus de mots au traducteur.
Et plus le texte est technique, plus le taux de foisonnement peut être élevé : il s’agit pour le traducteur de ne laisser subsister aucune approximation, aucun double sens.
Faire le point sur la traduction qu’il vous faut
Le foisonnement en traduction n’est pas forcément négatif : il peut même être souhaitable pour clarifier des passages, parfois conserver le nom originel et mettre la traduction dans la langue cible entre parenthèses.
En revanche, le foisonnement peut devenir un réel problème dans le cas de contraintes fortes de mise en page.
Imaginez une affiche sur laquelle figure en très gros caractères « Please ». L’équivalent français « S’il vous plaît » en quatre mots peut compromettre l’harmonie texte / image et l’effet recherché.
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En raison de ce phénomène de foisonnement, prenez le temps de faire le point sur la traduction qu’il vous faut.
Vous pouvez préférer une traduction littérale très précise, très explicative, sans tenir compte du foisonnement. Ou au contraire, imposer un volume final de mots strict.
Enfin, si la mise en page est très spécifique et verrouille à l’avance le nombre de mots et de caractères autorisés, pensez à prévenir à la fois le graphiste et le traducteur.
Une dernière chose : ne confondez pas taux de foisonnement et transcréation : l’un est un fait linguistique donné, l’autre une réflexion chaque fois nouvelle du traducteur sur les représentations culturelles véhiculées par les mots.
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