Comment optimiser le temps de relecture d’une traduction ? C’est une question qui revient souvent dans le travail quotidien du traducteur. Le travail de traduction est discret, lent et patient par nature, puisqu’il consiste à porter une grande attention à chaque détail du texte à traduire. Que ce soit pour des contraintes de productivité ou la gestion des délais, cette étape n’est pas la plus facile et peut prendre beaucoup plus de temps qu’espéré.
Si vous n’avez pas le temps ou les compétences de faire la relecture de vos traductions, faites appel à un traducteur freelance. Celui-ci vous facilitera la tâche et vous fera gagner en productivité.
Comment progresser lors de cette étape ? Sans doute faut-il d’abord commencer par comprendre l’intérêt et le fonctionnement d’une relecture de traduction en bonne et due forme. Nous verrons ensuite comment organiser sa relecture de traduction en étapes méthodiques, afin de ne laisser passer aucune erreur, tout en optimisant son temps de relecture d’une traduction.
Rôle et intérêt d’une relecture de traduction
À quoi bon relire l’ouvrage d’un traducteur puisqu’il est un professionnel ? En fait, c’est justement parce que le traducteur est un professionnel, qu’il sait bien que nul n’est infaillible : ni le lecteur humain, sensible aux nuances de sens, conscient des différences entre les langues ; ni le logiciel informatique, systématique mais capable de contresens.
C’est pourquoi, comme dans le cas de la rédaction de textes en français, la relecture d’une traduction est une étape indispensable pour tout bon traducteur soucieux de la qualité finale des documents livrés.
Relire une traduction, c’est envisager le document en langue cible non seulement comme un simple transcodage du texte source, mais bien comme un produit à part entière, dont il faut évaluer pour lui-même la cohérence, la correction et l’élégance stylistique. Cette importance de la relecture est, au demeurant, encore plus prégnante dans le cas de la transcréation.
La transcréation est une branche « artistique » du travail de traduction, qui consiste à recréer, parfois assez librement, un message en langue cible à partir du texte source, mais en le modifiant pour s’adapter aux réalités socio-culturelles spécifiques du public cible. Cette branche de la traduction est donc fortement ancrée à la fois dans la connaissance des civilisations et dans la création littéraire, avec ce qu’elle implique de maîtrise des « feuilletages de sens », des traits d’esprit et de l’implicite.
La relecture d’une traduction peut s’envisager de différentes manières. Elle peut être réalisée par le traducteur lui-même : c’est souvent le cas quand il fait son travail de traduction avec l’assistance d’outils de TAO, qui lui font gagner du temps et lui laissent donc du temps pour sa propre relecture.
Dans d’autres cas, la relecture peut être confiée à un autre traducteur de l’équipe : l’avantage est alors de pouvoir croiser des regards différents sur un même texte, pour faire émerger d’éventuels points de discussion linguistique ou d’achoppement. Enfin, certaines agences de traduction proposent des services de relecture externe de textes déjà traduits par d’autres.
Étape n°1 : relire le texte source
Aussi étonnant que cela puisse paraître, la première chose à faire n’est pas de relire le texte final, mais bien le texte source. Cela permet au traducteur de se dégager du travail accompli, de s’éloigner de l’effort de « passerelle » entre les langues, pour revenir au texte original.
C’est l’occasion de vérifier qu’on n’a pas modifié le sens de ce texte, au fur et à mesure du travail de traduction, qu’on n’a pas sacrifié son sens à une formule pratique mais réductrice dans la langue cible.
Le traducteur doit à ce moment-là faire un vrai effort de « fraîcheur », pour porter un regard le plus neuf possible sur le texte source en se dégageant de ses contraintes linguistiques et professionnelles : que faut-il en retenir ? Quel est le sens profond de ce texte ?
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Étape n°2 : vérifier la traduction
Une fois que le relecteur-traducteur s’est bien imprégné à nouveau du sens du texte originel, il est temps pour lui de vérifier la traduction. Là encore, l’expérience et la rigueur méthodique permettent d’optimiser le temps de relecture. On commence par une relecture globale rapide : le texte final correspond-il dans les grandes lignes au texte source ?
Puis on affine lors d’une seconde relecture, en comparant les points les plus difficiles à traduire avec les textes source et cible côte à côte. En quoi consistent ces points difficiles ? Ce sont d’abord les mots intraduisibles.
D’ailleurs, il n’y a pas que les néologismes ou les mots poétiques qui peuvent être impossibles à traduire d’une langue à une autre. Certains mots désignant des réalités culturelles locales (par exemple, les multiples déclinaisons de démonstration de politesse au Japon, ou encore le sentiment portugais de « saudade ») n’existent tout simplement pas dans la langue cible.
Au traducteur-relecteur de trancher : faut-il tenter une traduction périphrastique, ou au contraire laisser telle quelle l’expression idiomatique, quitte à en afficher un équivalent en langue cible entre parenthèses ?
Ensuite, les points difficiles à traduire peuvent parfois, paradoxalement, concerner des mots anglais assez simples. C’est là où le traducteur-relecteur doit faire preuve de finesse et s’interroger sur les attentes et les implicites de son public cible.
Certains mots de l’anglais globish ou de l’anglais des affaires gagneront à rester tels quels, tandis que parfois il faudra faire l’effort de trouver un équivalent dans la langue cible, surtout quand c’est une langue rare, voire menacée par une forme d’uniformisation culturelle : il faudra alors faire sentir au public cible qu’on respecte sa langue et qu’on refuse comme lui l’hégémonie de l’anglais.
Viennent ensuite les vérifications grammaticales : il faut vérifier que la structure des phrases a été conservée, dans la mesure du possible, que le tutoiement et le vouvoiement n’ont pas été confondus, que le système des temps verbaux a été conservé autant que possible…
Vérifier la traduction, c’est s’assurer de la solidité des passerelles jetées entre deux langues et entre deux visions du monde. Cette vérification est donc loin d’être une simple formalité : elle est au contraire emblématique du travail du traducteur, visant à réduire les distances entre les langues, tout en respectant les singularités lexicales et grammaticales de chacune.
Étape n°3 : relire le texte final
Vient maintenant la dernière étape : la relecture du texte final. Ici, le traducteur quitte un instant son habit de « passeur de langues », pour endosser celui de « correcteur-relecteur ». Cette fois, il s’agit d’habiter une langue et une seule, d’être capable d’en mobiliser tous les mécanismes, toutes les règles et toutes les exceptions à chaque ligne, pour s’assurer que la qualité grammaticale, mais aussi stylistique du texte final est optimale. Ce sont ici des qualités littéraires qui priment.
Comment optimiser le temps de relecture d’une traduction lors de cette dernière étape ? Le mieux est de subdiviser cette étape en trois sous étapes, calquées sur les différentes échelles du texte : l’échelle du mot, puis l’échelle de la phrase, et enfin l’échelle du texte dans son ensemble.
En quoi consiste la relecture à l’échelle du mot ? Il s’agit d’avoir une lecture « verticale » de chaque mot important, c’est-à-dire de faire dérouler mentalement la liste des mots concurrents, synonymes ou périphrastiques, afin de vérifier qu’on a choisi le bon mot, le bon sens à cet endroit précis.
Ici, une grande sensibilité littéraire est nécessaire pour seconder les connaissances lexicales techniques. En effet, il ne s’agit presque jamais de prendre la première définition d’un mot apparaissant dans le dictionnaire, mais de choisir en conscience le bon terme parmi un vaste choix.
Ensuite, vient la seconde sous étape de la relecture du texte final : la relecture à l’échelle de la phrase. On parle aussi de relecture syntaxique. À ce stade, il s’agit de vérifier que toutes les structures de phrases sont correctes. Donc, bien sûr, que toute phrase comporte au minimum un sujet et un verbe conjugué à un mode personnel.
Mais la question du destinataire vient souvent complexifier cette relecture syntaxique : on écrira « ça vous plaît ? » dans un écrit informel destiné à un public jeune, « est-ce que ça vous plaît ? » dans un écrit généraliste, mais « cela vous plaît-il ? » dans un texte plus formel, où un ton soutenu est requis.
Par ailleurs, une phrase ne s’envisage pas seulement sous l’angle de la construction sujet-verbe, mais bien aussi sous l’angle d’une diction et d’une lecture agréable : les phrases ne doivent être trop courtes et hachées, mais pas non plus trop longues au risque d’être moins claires et « irrespirables ».
Enfin vient la troisième et dernière sous-étape de cette relecture du texte final : la relecture à l’échelle du texte dans son ensemble. Là, il s’agit de vérifier que la structure du texte est claire (c’est particulièrement vrai pour un texte long type article de blog, où il est essentiel de bien jalonner les grandes étapes de la démarche logique adoptée).
Dans un texte à dominante littéraire, il sera essentiel de vérifier à l’échelle de tout le texte qu’il n’y a pas trop de répétitions, que les formulations sont variées. Si c’est au contraire un texte très technique, où le respect d’une terminologie stricte est nécessaire (posologie de médicament, notice de montage, acte de propriété…), il faudra à l’inverse veiller au bon respect des termes prescrits.
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Notre astuce
Nous avons vu comment, en se penchant sur le bon fonctionnement d’une relecture et en définissant des étapes claires, on pouvait optimiser le temps de relecture d’une traduction.
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